Alors que l’offensive terrestre israélienne contre la ville de Gaza se poursuit, les États européens restent divisés quant à l’adoption de mesures allant au-delà de simples déclarations condamnant les actions d’Israël.
Jeudi 18 septembre, Samuel Longuet était l’invité de l’émission Droits et Libertés sur la radio francophone de Deutsche Welle, pour revenir sur la qualification juridique des violations du droit international par Israël. Il avait à ce sujet publié une note d’analyse du GRIP en juin dernier.
Il rappelle également que ces violations du droit international créent une obligation pour les États tiers de ne pas fournir d’armes ou d’équipement militaire à Israël. Cette obligation était détaillée dans une deuxième note, publiée en juillet.
Un manque de mesures concrètes prises par les États européens
D’après le chercheur, cette obligation n’est pourtant pas remplie par plusieurs États européens. Souvent, les mesures adoptées se limitent à des interdictions partielles de certaines exportations de matériel militaire vers Israël tandis que d’autres peuvent se poursuivre. Cette question avait fait l’objet d’une troisième note, publiée il y a deux semaines.
« Souvent, les mesures adoptées se limitent à des interdictions partielles de certaines exportations de matériel militaire vers Israël tandis que d’autres peuvent se poursuivre »
Concernant l’Allemagne, Samuel Longuet souligne que la suspension des livraisons d’armes pouvant être utilisées à Gaza décidées par le chancelier Friedrich Merz le 8 août a peut-être une portée bien moins importante qu’annoncé. Lors d’une conférence de presse, on a demandé aux porte-paroles du gouvernement si les exportations qui avaient déjà été autorisées par les autorités allemandes avant le 8 août étaient concernées par cette suspension. Selon le chercheur, les réponses floues à ces questions laissent penser que ce n’est pas le cas.
Divisions européennes sur les sanctions contre Israël
D’après Samuel Longuet, la difficulté des États européens à prendre des mesures concrètes pour sanctionner Israël s’explique par plusieurs facteurs. Parmi ceux-là, il y a notamment des discours politiques en Europe qui présentent Israël comme un État dans une posture défensive au Proche-Orient. Le cherche souligne que ces discours oublient l’occupation et l’annexion israélienne de territoires palestiniens et syriens, le monopole régional sur l’arme nucléaire qu’Israël a cherché à défendre par sa récente guerre contre l’Iran[1] ou encore le bombardement récent du territoire du Qatar.
Le chercheur souligne également que les divisions européennes sur cette question sont d’une part géographiques, certains États ayant une posture pro-israélienne assumée, comme l’Allemagne. Elles sont d’autre part politiques, le soutien à Israël étant en général plus marqué à la droite et l’extrême droite du spectre politique européen.
Écouter l’émission sur le site de la Deutsche Welle
[1] Voir à ce sujet la note publiée par Yasmina El Moussaid, intitulée « Le projet oublié d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient ».