L’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) conclu en 2015 devait ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre Téhéran et Washington et constituer le premier pas en vue de parvenir à des relations plus apaisées entre l’Iran et l’Occident. Donald Trump en aura décidé autrement, et sa stratégie de la « pression maximale » aura pu compter sur le soutien absolu et indéfectible d’Israël et de l’Arabie saoudite, lesquels cherchent avant tout à maintenir le régime de sanctions frappant l’Iran afin de contenir tant que faire se peut la montée en puissance de la République islamique.
De leur côté, les ambitions iraniennes se nourrissent d’un nationalisme farouche enraciné dans plus de 2 500 ans d’Histoire et selon lequel le pays revendique le statut de puissance régionale naturelle et légitime du Moyen-Orient. Aujourd’hui cependant, la République islamique doit faire face à de multiples défis. L’économie souffre des sanctions et la population se polarise de plus en plus avec d’une part les partisans de la modération et de la normalisation avec l’Occident et, d’autre part, ceux qui pensent que le salut du pays réside dans la résistance et la recherche de l’autosuffisance.
À cet égard, la politique de Donald Trump a renforcé les éléments conservateurs et la prochaine élection présidentielle – prévue pour le 18 juin 2021 – pourrait bien voir ces derniers revenir à la tête de l’exécutif. Aujourd’hui, l’administration Biden et le gouvernement Rouhani tentent de parvenir à un accord en vue de réintégrer les États-Unis dans le JCPOA. Les obstacles et enjeux sont énormes car il s’agit avant tout de garantir la nature civile des activités nucléaires iraniennes mais également de prouver qu’un accord entre Washington et Téhéran peut s’avérer viable. En cas d’échec, les modérés en ressortiront humiliés, les conservateurs et les gardiens de la révolution renforcés, et les tensions entre Israël, l’Arabie saoudite et la République islamique s’exacerberont de plus belle.