Depuis le 7 octobre, à la suite des attaques terroristes du « déluge d’Al-Aqsa » perpétrées principalement par le Hamas et d’autres factions palestiniennes comme le Jihad islamique palestinien (JIP), l’aide et la coordination stratégique de l’Iran vis-à-vis de divers acteurs non-étatiques de la région ont été remises en évidence. Les interrogations persistent sur le rôle précis du régime iranien dans l’attaque terroriste. Téhéran est soit présenté comme le parrain direct du Hamas, ayant donné l’ordre de passer à l’action contre Israël, soit comme un facilitateur finalement tenu à l’écart dans la prise de décision de l’opération. Une ambigüité demeure ainsi présente dans les déclarations de divers acteurs proches du Hamas. Tout en faisant l’éloge des auteurs de l’attaque du 7 octobre, le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, a nié à plusieurs reprises que l’Iran ait joué un rôle direct. De même, le 3 novembre 2023, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, affirmait que l’attaque était « 100 % palestinienne » et que ceux qui l’ont exécuté « l’ont caché… à tout le monde. »
À travers le rôle de l’Iran, c’est une organisation en particulier qui fait l’objet de nombreuses supputations quant à ses moyens et son mode de fonctionnement : l’Axe de la résistance (mehvar–é moqâvemat). Cet axe – qui outre la République islamique rassemble des groupes comme le Hezbollah libanais, le Hamas, Ansar Allah au Yémen (plus connu sous le nom de « Houthistes ») ainsi que la Syrie de Bachar al-Assad et diverses milices chiites en Irak –, est souvent considéré comme le fer de lance des opérations iraniennes dans la région, cherchant la déstabilisation des adversaires de la république islamique. La question de la force et des intentions de l’Axe de la résistance est devenue d’autant plus pertinente avec la multiplication des actions de ces divers groupes depuis la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas (comme les attaques menées par les milices Houthistes en mer Rouge et par le Hezbollah le long de la « ligne bleue »), et les craintes d’une conflagration générale dans l’ensemble du Moyen-Orient.
Il s’agit, au travers de cet Éclairage, de comprendre cet « Axe de la résistance » en revenant successivement sur sa genèse, ses principales évolutions et sa structuration, en vue d’appréhender les risques futurs quant aux actions de ses membres. Il s’agira également d’interroger, en filigrane, la manière dont la République islamique d’Iran envisage son environnement de sécurité.
L’Axe de résistance au Moyen-Orient au regard du conflit entre Israël et le Hamas : un leadership iranien en voie de reconfiguration ?
Crédit photo de couverture : Hamas leader Ismail Haniyeh and Iranian Supreme Leader Ali Khamenei greeting each other, Unknown author, Licence C.C.A 4.0. via Wikimedia Commons