La Turquie, nouveau leader des non-alignés ? Analyse de son repositionnement géostratégique

En une décennie, le positionnement géostratégique de la Turquie a profondément évolué. Longtemps l’alliée fidèle des États-Unis, elle apparait désormais comme un électron libre, à même de perturber le jeu des grandes puissances. Cette évolution est intimement liée à la prise et au renforcement progressif du pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan et de son Parti de la justice et du développement (AKP).

Ne cachant pas son ambition de hisser son pays « parmi les dix plus grandes puissances du monde », le leader turc a développé une politique en accord avec cet objectif, tant sur les plans diplomatique, idéologique, économique que militaire. Le repositionnement turc a exploité la situation géographique du pays, à cheval sur deux continents et à proximité de multiples foyers de tension actifs ces dernières années, de la Libye à l’Ukraine.

Renforcée par une industrie de défense en plein essor et de plus en plus exportatrice, symbolisée par son produit-phare, le drone Bayraktar TB2, la quête de puissance de la Turquie s’exprime aussi par des opérations et déploiements militaires dans plusieurs pays, parfois en dépit de l’opposition des gouvernements des États concernés.

Envers son grand voisin russe, Ankara a opté pour des relations « à la carte », empreintes de rivalités, mais en flagrant contraste avec la politique de sanctions prêchée par l’Occident. En Afrique, en Asie centrale, dans les Balkans, le soft power turc s’exerce sur fond de collaborations économiques et sur la base d’affinités culturelles, qu’elles soient linguistiques, historiques, religieuses ou basées sur une idéologie de la « troisième voie », opposée à la fois à l’Occident colonialiste et à la Chine étatique et prédatrice.

Cette montée en puissance – et en prestige – de la Turquie contribue aux rééquilibrages, voire aux bouleversements, à l’oeuvre sur la scène internationale, avec des effets qui persisteront au-delà du règne de l’actuel président. Celui-ci est d’ailleurs en perte de vitesse à l’intérieur de son pays, principalement pour des raisons économiques et sociales.

Afin d’appréhender les changements et les enjeux actuels et pressentir les évolutions futures, cette étude examine successivement l’évolution des relations de la Turquie avec ses alliés au sein de l’OTAN et avec les membres de l’Union européenne ; avec la Russie ; avec les États issus de l’Empire ottoman et les « pays frères » à majorité turcique et avec l’Afrique subsaharienne.

Pour conclure, l’étude expose les récentes inflexions de la politique extérieure turque, sa dynamique et sa cohérence, ses motivations profondes, ainsi que les atouts et les limites de ses ambitions.

Dans les médias

« Géopolitique de la Turquie » (Podcasts 20 min pour comprendre) – Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (grip.org)

Crédit photo: L’ ambassadeur turc à Dakar, plante un rosier offert à l’Université Cheikh Anta Diop (juillet 2022).

Source : page Facebook de l’ambassade de Türkiye à Dakar

La Turquie, un nouveau leader des non-alignés ? Analyse de son repositionnement géostratégique