Le 14 juin 2022, le Canada et le Danemark ont annoncé avoir trouvé un accord quant au différend territorial concernant la souveraineté sur l’île de Hans, mettant ainsi un terme à la sympathiquement dénommée « Guerre du Whisky ». L’île de Hans est un rocher inhabité d’environ 1,3 km2 situé au milieu du passage de Kennedy qui sépare l’île canadienne d’Ellesmere et la côte nord-ouest du Groenland (territoire autonome sous souveraineté danoise). Ce passage relie la baie de Baffin à la mer de Lincoln, constituant ainsi l’un des principaux points d’accès vers l’océan Arctique.

Le différend territorial se cristallise en 1973 lorsque les deux États négocient un traité sur la délimitation de leur plateau continental dans la région[i]. Afin de ne pas mettre l’ensemble de l’accord en péril, ils décident de reporter la question de la souveraineté sur l’île de Hans à plus tard. C’est dans ce contexte que commence la « Guerre du Whisky ». En 1984, la marine canadienne débarque sur l’îlot afin d’y hisser le drapeau canadien et y laisser une bouteille de whisky. Le Danemark répond rapidement : le ministre danois des Affaires du Groenland de rend sur l’île, y hisse un drapeau danois et y dépose une bouteille de schnaps accompagnée d’un message souhaitant la bienvenue sur l’île danoise de Hans. Les incursions d’un État, puis de l’autre, se poursuivent jusqu’en 2005.

Près de 50 ans après le début du conflit, le Canada et le Danemark ont finalement décidé de partager l’île en deux. Les enjeux derrière la souveraineté sur l’île de Hans en tant que telle, sont limités dans la mesure où les deux États étaient déjà parvenus à un accord sur les questions de délimitations maritimes[ii]. La « Guerre du Whisky » et sa résolution mettent néanmoins en lumière les enjeux particuliers qui entourent la souveraineté sur les îles, en particulier dans l’Arctique, et spécifiquement pour le Canada et le Danemark.

[i]. Danemark et Canada, Accord relatif à la délimitation du plateau continental entre le Groenland et la Canada, signé à Ottawa le 17 décembre 1973.

[ii]. Michael Byers, professeur de droit international à l’Université de Colombie Britannique, qualifie ainsi le conflit de « pratiquement insignifiant », voir Byers Michael, International Law and the Arctic, Cambridge, Cambridge University Pres, 2013, p. 13 ; du même auteur, Who Owns the Arctic? Understanding Sovereignty Disputes in the North, Vancouver, Douglas & McIntyre, 2009, p. 26.

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Crédit photo: Hans Island, 2003-08-01, UTC 2301, HDMS Triton, Commanding Officer, Cdr. s.g. Per Starklint (Wikipédia)