Résumé (abstract in English below)
Depuis 2019, l’Afrique a connu une dizaine de coups d’État ayant placé des militaires au pouvoir dans sept pays. Dans certains cas, les autorités renversées avaient été élues lors d’élections relativement régulières mais, dans d’autres, elles s’accrochaient au pouvoir par la manipulation constitutionnelle, la fraude électorale ou la force brutale.
La présente note examine donc les différents contextes qu’offrent ces sept pays, la plupart situés sur un axe est-ouest allant du Soudan à la Guinée. Elle s’intéresse particulièrement au défi sécuritaire aigu que doivent relever les juntes, en particulier au Sahel. Elle s’interroge également sur le rejet du « modèle français », et plus largement occidental, à l’œuvre auprès des militaires mais aussi de nombreux civils dans la plupart des ex-colonies françaises et sur l’attraction exercée par d’autres modèles, plus autoritaires et – espèrent-ils – plus efficaces et égalitaires.
Enfin, la note fait le point sur l’état de la « transition » dans chacun des sept pays puisque les juntes ont prévu, à plus ou moins brève échéance, de restituer les commandes aux civils. Cependant, la durée et les modalités de la période transitoire, convenues en concertation avec des organisations régionales ou des mouvements citoyens, ont déjà été revues par les militaires, avec en conséquence le report des scrutins électoraux prévus, au motif de la dégradation de la situation sécuritaire. La tournure que prendront les conflits en cours sera donc un facteur déterminant fortement le calendrier électoral et, au-delà, les profondes transformations annoncées dans certains de ces pays, y compris leur repositionnement stratégique.
Abstract: Putsches in Africa: Complex transitions in a changing continent
Since 2019, Africa has experienced ten coups having placed the military in power in seven countries. In some cases, the toppled authorities had been elected in relatively fair elections, but in others they were clinging to power through constitutional manipulation, electoral fraud or brutal force.
This note therefore examines the variety of contexts offered by these seven countries, most located on an east-west axis stretching from Sudan to Guinea. A particular interest is devoted to the acute security challenge faced by the juntas of several of these countries, especially in the Sahel. It also questions the rejection of the “French model”, and more broadly the Western model, at work among the military but also many civilians in most former French colonies, and on the attraction exerted by other models, more authoritarian and – they hope – more effective and egalitarian.
Finally, the note takes stock of the state of the “transition” in each of the seven countries since the juntas have planned, in the more or less short term, to return the power to the civilians. However, the duration and terms of the transitional period, agreed in consultation with regional organizations or citizen movements, have already been reviewed by the military, with the consequent postponement of the planned electoral votes, on the grounds of the deterioration of the security situation. The turn that the current conflicts will take will therefore be a factor strongly determining the electoral calendar and, beyond that, the deep transformations announced in some of these countries, including their strategic repositioning.
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