En décembre 1991, l’histoire s’écrivait en parallèle à Maastricht et à Minsk : d’une part la naissance de l’Union européenne, de l’autre part la fin de l’Union soviétique et la confirmation d’une désintégration lourde de dangers à l’Est. La Communauté européenne confirmait son ambition à assurer l’hégémonie politique sur le continent aux fins de mener le processus de transition en Europe centrale et orientale. Il restait à construire un compromis entre cette nouvelle identité européenne de sécurité et une Alliance atlantique forte de son expérience, de son succès d’estime à l’Est et de l’intérêt américain pour le maintien du lien transatlantique.

Une organisation en représentait le creuset idéal : l’Union de l’Europe occidentale. Le nouveau rôle acquis ainsi par l’UEO transforme donc celle-ci en une interface entre construction européenne et solidarité atlantique. Cette fonction constitue la version mise à jour d’une complémentarité inscrite dans l’histoire de l’UEO, mais déséquilibrée du fait du rôle prédominant accordé à l’OTAN dans le contexte de la guerre froide et de la division du Vieux Continent. Le nouveau point d’équilibre trouvé au lendemain des événements de 1989, de l’unification allemande et du Sommet de Paris de la CSCE se traduit aujourd’hui par une architecture de sécurité davantage européanisée, appuyée sur un pôle occidental devenu hégémonique, lui-même articulé à parts égales sur l’Alliance atlantique et l’Union européenne.

Eric Remacle est assistant en Sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles. Il a réalisé cette étude en tant qu’attaché de recherche au GRIP avec une bourse de l’Institut d’Etudes de Sécurité de l’UEO.