Du 13 au 24 juin 2025, Israël, avec le concours des États-Unis, a mené une campagne illicite de bombardements contre l’Iran. Il existe néanmoins des raisons de douter de l’efficacité stratégique de cette campagne. Celle-ci pourrait n’avoir qu’au mieux retardé le programme nucléaire iranien. Alors que le recours à la force armée est à tort présenté comme un moyen valable de lutter contre la prolifération des armes nucléaires, elle engendre souvent des effets inverses.
Si la force militaire est inopérante, il est opportun d’examiner les voies diplomatiques permettant de lutter contre la prolifération des armes nucléaires au Moyen-Orient. Le projet de création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient vise précisément à prévenir la prolifération de ces armes, compte tenu des risques qu’elles font peser sur la stabilité régionale.
Cinquante ans de pourparlers improductifs
L’initiative conjointe de l’Égypte et de l’Iran en 1974 visant à établir une ZEADM au Moyen-Orient trouve son origine dans les années 1960, lorsque les premières rumeurs émergent concernant le développement par Israël d’un programme nucléaire militaire. Cette situation alimente les inquiétudes des États arabes et de l’Iran, face à la perspective de voir Israël disposer d’une forme de monopole nucléaire dans la région.
Si Tel-Aviv ne s’était pas formellement opposé à la résolution de 1974 (se contentant de s’abstenir lors du vote), elle se positionne chaque année depuis 2018 contre l’adoption par l’AGNU des résolutions sur l’établissement d’une ZEADM au Moyen-Orient. Israël conditionne sa participation aux négociations à l’existence d’un environnement sécuritaire. L’avenir du projet est donc étroitement lié à la résolution du conflit israélo-palestinien.
« L’avenir de la ZEADM au Moyen-Orient est étroitement lié à la résolution du conflit israélo-palestinien »
Plus fondamentalement, l’échec des négociations autour de la ZEADM est aussi symptomatique des difficultés du Traité de non-prolifération (TNP) à rapprocher l’humanité d’un désarmement nucléaire progressif, général et complet. L’absence de volonté politique de la part des puissances nucléaires à agir en ce sens est patente.
La posture d’Israël et de ses soutiens, particulièrement les États-Unis, relève d’une forme d’exceptionnalisme consacrant le droit de frapper tout acteur régional désireux d’atteindre ce même statut nucléaire, cela sans la moindre considération pour la logique de prolifération que ces frappes nourrissent.
Photo de couverture : Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, s’adressant à la conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le 24 avril 2000 – crédit : UN Photo/Eskinder Debebe
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