Les 24 et 25 juin 2013, se tiendra à Yaoundé au Cameroun, le tout premier sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays riverains du Golfe de Guinée, consacré à la piraterie. Cette réunion est chargée d’encadrer l’élaboration d’une stratégie régionale intégrée de lutte contre la piraterie, commune aux États de la CEEAC et de la CEDEAO. Le golfe de Guinée constitue un vaste espace maritime, à la charnière entre les deux grandes sous-régions de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, et regroupe une dizaine de pays ayant une façade maritime sur l’océan Atlantique: le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon, Sao Tomé et Principe, ainsi que le Congo-Brazzaville et l’Angola.
Une menace grandissante
En l’absence d’un dispositif commun de surveillance et de lutte contre la piraterie, l’insécurité maritime est devenue l’une des menaces persistantes à la stabilité politique et économique des États de la sous-région. Le coût de la piraterie dans le golfe de Guinée, estimé à deux milliards de dollars par an, a déjà entraîné une forte diminution de la fréquentation des ports de la zone. La multiplication des actes de piraterie est liée au développement du trafic maritime marchand, ainsi qu’à la découverte et à l’exploitation de pétrole au large des côtes des pays riverains. Ces actes de piraterie sont le fait de groupes très organisés, disposant de moyens d’opérer des attaques en pleine mer, qui visent des biens de valeur sur les navires, et de plus en plus les cargaisons de pétrole. En outre, les attaques perpétrées en golfe de Guinée prennent de plus en plus la forme de raids et détournements de bateaux, impliquant un niveau élevé de violence, avec des dizaines de prises d’otages.
Selon le rapport du Bureau maritime international (BMI) publié le 18 juin, le nombre d’actes de piraterie recensés au large des côtes ouest-africaines en 2012, a dépassé pour la première fois celui des attaques survenues dans le golfe d’Aden et dans l’océan Indien. Au moins cinq personnes ont été tuées l’an dernier dans le golfe de Guinée au cours des attaques de navires. Avec sa production de plus de cinq millions de barils de pétrole par jour et ses 24 milliards de barils de réserves prouvées, le golfe de Guinée est la première région pétrolière africaine et une zone stratégique et économique d’importance majeure. La sous-région fournit en effet près de 40% du pétrole consommé en Europe et 29% de celui consommé aux États-Unis. Le Nigéria, l’Angola et la Guinée équatoriale, sont les principaux producteurs d’hydrocarbures du continent.
Un défi régional
Au regard de l’ampleur du phénomène, aucun pays de la région n’est à l’évidence en mesure de résoudre seul le problème de l’insécurité maritime. La réunion qui se tient à Yaoundé fait suite à la résolution 2039, du Conseil de sécurité des Nations unies du 29 février 2012, au terme de laquelle le Conseil avait émis des recommandations aux États de la région du golfe de Guinée, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la commission du golfe de Guinée (CGG). Le Conseil les encourage à développer, avec le soutien des Nations unies et d’autres partenaires, une stratégie régionale, ainsi que l’harmonisation des actions en mer de leurs États membres, l’élaboration ou le renforcement de leurs législations en vue de lutter contre la piraterie.
La plupart des États de la sous-région ne disposent en effet pas de cadres juridiques appropriés relatifs aux opérations en mer ou n’ont pas adopté de politiques concernant la lutte contre les actes de piraterie et les attaques à main armée contre les navires. Aussi, la carence des législations maritimes nationales ne permet pas aux États de réglementer leur coopération avec d’autres pays riverains, notamment en matière d’arrestation et de jugement des criminels. Le défi est donc celui de la mise en place d’une cadre permettant la mutualisation des moyens techniques et humains, l’adoption des dispositions règlementaires adéquates, mais aussi l’adoption de mécanismes de financement prévisibles et récurrents pour porter cette stratégie dans la durée.

Pour une mise en perspective de la piraterie dans le golfe de Guinée:

Insécurité maritime dans le golfe de Guinée : vers une stratégie régionale intégrée ? (Note d’analyse – décembre 2012)

Piraterie et insécurité dans le golfe de Guinée : défis et enjeux d’une gouvernance maritime régionale (Note d’analyse –  septembre 2011)

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Crédit photo: Michel Luntumbue

 

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