Le 5 octobre 2023, la Chambre des représentants belge s’est prononcée, à l’unanimité, en faveur d’une reconnaissance politique des victimes vietnamiennes de l’Agent orange.

Cet herbicide manufacturé par des entreprises telles que Monsanto ou Dow Chemical a été épandu par les forces armées étatsuniennes entre 1961 et 1971 pendant la 2ème guerre d’Indochine. Le but de ces opérations était de priver les troupes du Front national de Libération de cachettes et de vivres, en ciblant les forêts et les exploitations agricoles. Dès l’intensification des épandages en 1964, des chercheurs, activistes et politiciens, ont souligné les lourdes conséquences sanitaires et environnementales de telles actions guerrières. Ils ont aussi souligné que les lots d’Agent orange étaient, pour certains, fortement contaminés à la dioxine. Les différentes mobilisations ont de plus souligné leur caractère illégal au regard du droit international public.

Plus de 50 ans après la fin des épandages, la Belgique reconnait publiquement l’existence de victimes, et s’engage, à travers la « Résolution relative à l’aide à apporter aux victimes de l’utilisation de l’Agent orange durant la guerre du Vietnam » à leur apporter un soutien humanitaire, technique, scientifique et politique. Le parlement belge devient alors le premier au monde à approuver une telle législation.

Encadré 1. La Résolution relative à l’aide à apporter aux victimes de l’utilisation de l’Agent orange durant la Guerre au Vietnam

La Résolution relative à l’aide à apporter aux victimes de l’utilisation de l’Agent orange durant la Guerre au Vietnam a été votée à l’unanimité par la Chambre des représentants de Belgique. Cette résolution reconnait les graves impacts environnementaux et sanitaires causés par cet herbicide, souligne la responsabilité des États-Unis et des entreprises productrices, et exprime la solidarité de la Belgique envers le Vietnam. Elle appelle le gouvernement belge à chercher une solution juste et durable pour les victimes, à soutenir le Vietnam et à porter cette question sur la scène internationale, notamment auprès de l’Union européenne, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé. Enfin, elle encourage le développement de technologies et de partenariats de recherche pour réparer les dommages causés.

Anne Xuan Nguyen, chercheuse au GRIP, a rencontré Pierre Grega, un des architectes de cette résolution, afin de mieux comprendre le processus qui a mené à cette reconnaissance. Il s’agit aussi, à travers cet entretien, de saisir les motivations derrière cette longue mobilisation, et les perspectives qu’ouvre cette politique de reconnaissance politique.

 

Crédit photo de couverture : Vue intérieure de la Chambre des représentants de Belgique, 10 juillet 2008, © François Lambregts, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons.