L’intervention française au Rwanda 1990-1994 : dimensions épistémologiques par Emmanuelle Carton
Le 1er octobre 1990, le Front patriotique rwandais (FPR), composé de réfugiés Tutsi en exil, envahit le Rwanda par la partie nord du pays. Trois jours plus tard, une intervention militaire française est lancée pour soutenir le gouvernement permanent du président Habyarimana contre le FPR, considéré comme une “menace” et un mouvement venu de l'”extérieur”. François Mitterrand et Juvénal Habyarimana, entourés d’une petite élite, soutienne un front contre l’avancée du FPR. Pendant que le contingent français reste au Rwanda pendant quatre ans, forme les troupes rwandaises, importe des armes ; la haine contre les Tutsis se répand lentement dans le pays par le biais de la radio, des journaux et des discours politiques. Lorsque l’avion de Juvénal Habyarimana est abattu le 7 avril 1994, le pays sombré dans la violence : les Tutsi et les Hutu modérés sont massacrés par les milices, le gouvernement génocidaire, ainsi que par une partie de la population. La France est restée au Rwanda, soutenant les troupes gouvernementales contre le FPR et essayant de protéger la population civile pendant la période du génocide également.
27 ans après le génocide rwandais (1994), des doutes et des zones d’ombres demeurent sur les raisons qui ont poussé la France à intervenir aux côtés du président Habyarimana. Ce midi stratégique tente de reconstruire le contexte politique et informatif du gouvernement français et d’analyser les raisons pour lesquelles la France n’a pas cessé de soutenir son allié, malgré le risque évident de génocide, identifié dès l’année 1990. Cette recherche met inévitablement en évidence un manque crucial d’analyses fines sur la politique africaine, loin d’être libérée d’une matrice de connaissance coloniale, héritée de l’impérialisme français
Enfants-soldats au Burkina Faso, un terreau favorable à une situation dramatique par Charlotte Dieu
Depuis la chute de la présidence de Blaise Compaoré en 2014, le Burkina Faso connaît une forte instabilité politique et sécuritaire qui a entrainé l’implantation pérenne de nouveaux groupes terroristes, notamment aux frontières nord du pays accolées au Mali et au Niger. En réponse à la gravité et au nombre croissant d’attaques perpétrées contre des écoles, le Secrétaire général des Nations unies (ONU) a fait part de son inquiétude quant à la situation des enfants, dont nombreux sont associés à ces formations terroristes. L’objectif de ce Midi stratégique est de revenir sur les facteurs qui favorisent aujourd’hui l’augmentation du recrutement et de l’utilisation d’enfants-soldats au Burkina Faso afin de sensibiliser et attirer l’attention du grand public sur ce phénomène croissant.