Ce rapport aurait pu être rédigé sous la forme d’un récit historique. Celui d’une grande illusion collective qui, au fil des mois, a cédé le pas au désenchantement et à la résignation. Dans un premier temps, les Britanniques ont cru, ou espéré, que le Brexit n’aurait pas vraiment remis en cause leur rôle dans la PSDC. Ils ont ainsi évoqué, certes avec une certaine pudeur, des solutions qui les auraient tenus, de fait, arrimés à cette politique. Ils devront vite déchanter et revoir à la baisse leurs ambitions.
Les dés ne sont toutefois pas encore jetés. Les élections européennes de mai 2019 pourraient donner à l’UE un nouveau visage, dont les traits demeurent encore inconnus. Or, les négociations sur la future relation iront bien au-delà de cette date. L’Histoire doit donc encore être écrite, et Londres espère pouvoir modifier son cours. En cela, elle est loin d’être la seule en Europe : nombreux sont les industriels, les diplomates et les leaders d’opinion qui considèrent que, en matière de sécurité et de défense, le Brexit devrait laisser les choses inchangées entre les deux rives de la Manche.
L’UE est pourtant confrontée à un défi existentiel. L’enjeu auquel elle fait face ne concerne pas tant le degré de coopération qu’elle doit établir avec Londres : tout le monde convient que celui-ci doit être le plus élevé possible. Il s’agit plutôt de comprendre si, et à quel degré, les Britanniques doivent être impliqués dans le processus décisionnel bruxellois, car c’est bien cela qu’ils demandent. L’Union se retrouve ainsi face à un véritable choix ontologique, qui touche à la nature même du projet d’intégration qu’elle est censée incarner.