Plusieurs États européens participent au partage nucléaire au sein de l’OTAN, une politique conçue pour leur donner un rôle dans la dissuasion nucléaire de l’Alliance atlantique. Dans le cadre de cette politique, des bombes nucléaires aéroportées états-uniennes sont stockées sur des bases aériennes européennes et ce sont les avions des forces aériennes de certains États européens – notamment les forces aériennes belge et allemande – qui seraient chargées de les larguer sur un adversaire en cas de guerre nucléaire.
La participation à ce partage nucléaire a un impact sur les acquisitions des forces aériennes concernées : elles doivent en effet disposer d’avions compatibles avec les bombes états-uniennes stockées en Europe.
Dès lors, la question qui se pose est celle de la contrainte sur le choix d’un avion de combat que fait peser une participation au partage nucléaire de l’OTAN. Les États européens qui participent à cette politique doivent-ils nécessairement acheter des avions états-uniens pour emporter des bombes nucléaires états-uniennes ? Toutes les forces aériennes concernées ont choisi le F-35 du constructeur états-unien Lockheed Martin comme futur avion pour assurer cette participation nucléaire. La Belgique et l’Allemagne ont fait ce choix relativement récemment, respectivement en 2018 et en 2022. L’objet de ce rapport est d’en analyser les déterminants.
Ce rapport revient d’abord sur le contexte dans lequel il a été décidé au sein de l’OTAN de continuer à baser des armes nucléaires états-uniennes en Europe après la fin de la Guerre froide et de développer des avions pour les larguer. Il montre ensuite que dans le cas de la Belgique, le débat sur la capacité d’emport nucléaire du nouvel avion des forces aériennes belges n’a pas vraiment eu lieu, du fait des non-dits du gouvernement. Il s’intéresse enfin au processus sinueux qui a conduit l’Allemagne à choisir le F-35 pour perpétuer sa participation nucléaire.
Crédit photo : US Air Force / Ministerie van Defensie – De F-35 en de F-16 vliegen in de lucht uit elkaar (image modifiée) via Wikipédia.