Axe stratégique « Conflits et Environnement »

Alors que différents rapports sur le dérèglement climatique soulignent le caractère anthropique de la dégradation de l’environnement, les retombées des activités militaires restent largement écartées d’études telles que celles effectuées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Pourtant, la guerre et sa préparation sont des activités à forte intensité carbone dont les atteintes portées à l’environnement et au climat sont diverses et variées. À titre d’illustration, les différents ministères de la Défense de par le monde sont reconnus comme étant à l’origine de 5% des émissions totales de gaz à effet de serre. En outre, la pollution causée par les conflits armés est persistante, comme en témoignent les cas emblématiques de l’Agent orange au Viêtnam après la 2e Guerre d’Indochine ou l’usage d’uranium appauvri en Iraq pendant la 1e Guerre du Golfe. 

 

Si les activités militaires génèrent un impact indéniable sur la nature, l’intérêt scientifique pour cette thématique n’a émergé que dans les années 1960, avec les mouvements pacifistes contre la 2e Guerre d’Indochine, et plus largement avec l’avènement de l’écologie politique. Le GRIP naît en 1979, dans la foulée de ces mobilisations, précisément pour informer le public et alimenter le débat démocratique sur les enjeux de la prolifération nucléaire. Au fil des années, avec l’évidence grandissante d’une crise écologique majeure, le GRIP s’est intéressé aux liens existants entre guerre et environnement. Dès les années 1990, il s’est penché sur un éventail de sujets allant des retombées des essais nucléaires, aux impacts écologiques des opérations de maintien de la paix, en passant par le greenwashing de l’industrie de l’armement. 

Durant la dernière décennie, les forces armées de différents pays ont mené une réflexion sur les incidences sécuritaires du dérèglement climatique sur leur appareil militaire. Leurs préoccupations sont souvent d’ordre prospectif, et ont pour but d’anticiper les conflits à venir, les besoins militaires ainsi que de rendre le fonctionnement de la défense plus résiliente. Cependant, elles se confrontent à une contradiction : le caractère destructeur de leurs activités sur le plan environnemental. Malgré ce constat, les États restent encore, dans les différents traités tels que le Protocole de Kyoto ou les accords de Paris, exemptés du devoir de communiquer leurs émissions militaires. Ainsi, le GRIP aspire à mettre en lumière les conséquences existantes et attestées des activités militaires, dans le contexte de la crise écologique actuelle. 

Afin d’émuler une réflexion au sujet de l’urgence écologique et des questions de défense, le GRIP ambitionne, à travers son axe Conflits et Environnement, d’étudier le lien entre les activités de défense et les écosystèmes. Les problématiques soulevées dans cet axe sont par conséquent : 

  • Les impacts de la production de matériels militaires sur l’environnement et le climat, c’est-à-dire ceux causés par l’extraction des ressources naturelles, la fabrication, la maintenance ou encore la gestion de fin du cycle de vie du matériel et de ses composants. 
  • Les externalités générées par les activités militaires, des émissions de GES générées aux diverses formes de dégradations et de pollution qu’ils engendrent. 
  • L’impact écologique des conflits armés sur les territoires où ils se déroulent ; 
  • L’intégration des enjeux environnementaux et climatiques dans les doctrines et stratégies militaires, c’est-à-dire la façon dont les institutions de défense des États se sont saisies de la question du changement climatique et comment ils entendent y répondre ; 
  • Les différentes régulations de l’impact de l’activité guerrière sur l’écosystème, parmi lesquelles les tentatives d’établissement d’un crime d’écocide et l’évolution juridique de la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (ENMOD) ;  
  • Les enjeux de remédiation des dommages sur l’environnement. 

Les coordinatrices de cet axe son Maïté Bol et Anne Xuân Nguyen.

Voir les publications relatives à cet axe sur la page Conflits et environnement