Armes nucléaires américaines en Europe : les raisons du statu quo

Le nombre d’armes nucléaires américaines déployées en Europe a diminué de 97 % depuis les années 1970. Toutefois, il reste encore aujourd’hui environ 180 bombes nucléaires américaines dans cinq pays européens : Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Italie et Turquie. Pourtant, ces armes nucléaires tactiques, de courte portée, n’ont aucune utilité militaire. La capacité de dissuasion de l’OTAN ne serait en rien affectée par leur retrait. Alors pourquoi sont-elles encore là en 2016 ?
Il existe actuellement un alignement d’intérêts, à différents niveaux et pour de multiples raisons, qui régit le maintien de ces armes nucléaires. Un réseau d’acteurs composé des États-Unis, de l’appareil bureaucratique de l’OTAN, des deux puissances nucléaires européennes de l’Alliance – la France et le Royaume-Uni – et des États accueillant les bombes, soutient leur déploiement en Europe.
Le complexe militaro-industriel américain, en raison de ses intérêts économiques et bureaucratiques, maintient un intense lobbying pour la présence et la modernisation des armes nucléaires américaines en Europe. L’administration américaine a ainsi fait en sorte de véhiculer l’idée selon laquelle le déploiement d’armes nucléaires en Europe est essentiel pour l’OTAN. Soucieux de leurs propres intérêts, la France et le Royaume-Uni ont également renforcé ce discours sur la nécessité d’une alliance nucléaire dotée d’un partage des risques et des responsabilités.
Les gouvernements allemand, belge et néerlandais refusent quant à eux de se prononcer pour un retrait des bombes. Ils ne veulent pas être perçus comme « le maillon faible » de l’Alliance et n’ont pas de pressions politiques internes assez fortes pour s’engager dans ce dur et long combat.
Plus de publications

Maïka Skjønsberg est chercheure associée au GRIP.

Diplômée d’un master en sciences politiques à orientation relations internationales – finalité Sécurité, Paix et Conflits de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), elle est co-lauréate du Prix Henri la Fontaine (2015) pour les meilleurs mémoires en relations internationales et chercheur visiteur au centre Recherche et Enseignement en Politique Internationale (REPI) de l’ULB.

Elle est également titulaire d’une licence en études internationales de l’Université d’Oslo (UiO) et a été stagiaire auprès de l’Ambassade Royale de Norvège à Paris (printemps 2013) ainsi qu’auprès du GRIP dans la section armes légères et transfert d’armes (automne 2015).

Son expertise porte principalement sur le contrôle des armements, le désarmement et la non-prolifération nucléaire.