Le partenariat de sécurité AUKUS établi entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni en septembre 2021 prévoit l’acquisition par l’Australie d’une flotte de huit sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire (SNA) utilisant de l’uranium hautement enrichi. En effet, depuis l’annonce du lancement de son programme de futurs sous-marins (Future Submarine Program) en 2009, Canberra ambitionne de moderniser les capacités sous-marines de la Royal Australian Navy. Dans le cadre de ce programme, aussi nommé SEA 1000, l’Australie conditionnait toutefois l’acquisition de ces submersibles à la rencontre de certaines exigences conceptuelles, industrielles ou encore capacitaires par le futur partenaire industriel, notamment une propulsion conventionnelle (diesel-électrique). Des attentes auxquelles répondait l’industrie de défense française Naval Group, en proposant la construction de douze sous-marins d’attaque avec un système de propulsion hybride diesel-électrique de classe Attack en collaboration avec l’industrie locale australienne – et qui lui a valu de décrocher ce contrat en 2016.
Considérant les attentes initialement formulées, la décision de Canberra d’opter pour une flotte de SNA à propulsion nucléaire, au détriment de l’obtention de sous-marins à propulsion conventionnelle de facture française, interroge dans la mesure où de nombreuses incertitudes entourent le programme AUKUS. Celles-ci renvoient à des considérations d’ordres industriel, stratégique et juridique. L’éventail des doutes persistant sur AUKUS questionnent le caractère tangible du programme SEA 1000.
Cette étude s’articule en trois étapes. La première consiste à revenir sur les éléments d’incertitudes d’ordre industriel tels que le degré d’implication de l’industrie locale australienne dans le programme AUKUS et les coûts associés à cette entreprise d’envergure. La deuxième étape s’intéresse aux incertitudes de nature stratégique qui entourent ce partenariat de sécurité trilatéral, en particulier à la question de la réalisation effective des objectifs stratégiques australiens qui se déduisent du projet d’acquisition de SNA par Canberra. La troisième étape met en lumière les incertitudes juridiques relatives à l’exportation de la propulsion nucléaire navale vers l’Australie, à savoir le poids de la législation américaine, le degré de conformité au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et au Traité de Rarotonga, ainsi que les défis que peut rencontrer l’Agence internationale de l’énergie atomique en cas d’exportation de systèmes de propulsion nucléaire à finalité militaire.
Crédit photo: HMS Astute Arrives at Faslane for the First Time MOD 45150829.jpg – Wikimedia Commons