La guerre en Tchétchénie aura influencé de manière cruciale l’image que le monde se fait de la Russie en cette fin du XXe siècle. Elle a profondément marqué la recherche d’un système collectif de sécurité au sortir de la guerre froide et ses effets seront longs à s’estomper. Pourtant, contrairement au conflit en Yougoslavie, elle a été perçue dès le premier tir d’obus comme une « guerre interne ». Et ses effets les plus durables et les plus pervers affecteront la Russie, ainsi que l’autorité de son Président.

Il est pour le moins paradoxal que l’Ouest qui parle quasi religieusement de « multiculturalisme », au lieu d’encourager la coexistence des anciens peuples soviétiques, favorise sous prétexte de « droit d’identité » des divisions basées sur l’ethnie et des droits basés sur le sol ou le sang.

Bien entendu, l’attention du public s’est fixée sur les événements violents qui ont suivi l’intervention russe le 11 décembre 1994. Mais les quatre dernières années ont mûri la crise et c’est pourquoi ce dossier accorde autant d’importance aux événements qui ont précédé l’affrontement. Une crise qui plonge ses racines dans les réformes de Gorbatchev, sa rivalité avec Boris Eltsine et les déportations de Staline.

Anciens correspondants permanents à Moscou, Nina Bachkatov et Andrew Wilson ont créé en 1992 The European Press Agency. A ce titre, ils publient chaque mois « Inside Russia and the FSU » et assurent des activités de consultants. Ils ont publié ensemble plusieurs livres sur l’ancienne URSS.