Soixante ans après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, cinquante ans après le Manifeste Russel-Einstein, l’année 2005 est une occasion de s’interroger sur la responsabilité des scientifiques face aux exploitations guerrières et criminelles des résultats de leurs recherches. Mais un constat s’impose : l’indépendance scientifique est plus que jamais menacée. Le nouvel agenda de sécurité adopté dans les années 90 a profondément modifié les relations entre technologies civiles et militaires. L’innovation militaire repose aujourd’hui sur une présence militaire à tous les niveaux du système national d’innovation et une exploitation des sciences et des technologies très en amont des phases de R&D des systèmes d’armes. Cette évolution des processus d’innovation militaire est aussi fermement adossée à un « système industriel militaro-sécuritaire » dominé par le capital financier et profondément enraciné dans la société, particulièrement aux États-Unis, mais aussi progressivement dans l’Union européenne. La subordination croissante des réseaux d’innovation aux politiques de sécurité fortement déterminées par les attentes des marchés financiers pose à la société civile un défi capital : celui de se ré-approprier les choix qui concernent l’avenir que les sciences et les technologies préparent à l’humanité.
Sciences et technologies, au piège de « l’option militariste »
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