Le recours à l’intelligence artificielle (IA) par les forces armées fait craindre des dérives, notamment en ce qui concerne les risques découlant de biais algorithmiques et à propos de la dilution de la responsabilité humaine dans les décisions d’emploi de la force. En dépit de cela, la recherche, le développement et l’utilisation de l’IA à des fins militaires se normalise.
Ce rapport analyse le processus par lequel cette normalisation a eu lieu. Dans une première partie, il aborde le rôle joué par les services de renseignement, en particulier dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », dans ce processus. Toujours dans ce contexte, il se penche ensuite sur les rapprochements entre les start-ups et le Pentagone. Il souligne, dans cette partie, à quel point le Pentagone est devenu, de fait, un relais de l’industrie. Au surplus, il montre que l’IA est également conçue comme un moyen adapté aux conflits interétatiques.
« Le recours à l’IA par les forces armées fait craindre des dérives comme les risques découlant de biais algorithmiques ou la dilution de la responsabilité humaine dans les décisions d’emploi de la force »
La troisième et dernière partie aborde la circulation transnationale de l’IA, un phénomène en grande partie influencé par les États-Unis. Sont entre autres évoqués dans celle-ci les usages de l’IA en Ukraine et en Palestine, et sa diffusion dans les armées alliées des États-Unis.
L’IA et le Pentagone
Cette partie propose donne aussi un aperçu des évolutions étatsuniennes récentes, où l’on assiste à un resserrement des liens entre les entreprises et le Pentagone depuis l’investiture de Donald Trump en 2025.
De manière générale, ce rapport insiste sur les enjeux économiques qui sont à l’origine du développement de l’IA. Il met aussi en exergue le fait que ces enjeux économiques jouent un rôle déterminant dans la construction d’un imaginaire militariste qui contribue à la re-légitimation de la guerre au nom de la protection de l’« Occident ».
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Christophe Wasinski est membre du centre Recherche et Études en Politique Internationale (REPI) de l'ULB et chercheur associé au GRIP. Il enseigne à l’Université libre de Bruxelles, à l’IEP de Lille et à l'UPMF de Grenoble. Ses recherches portent sur les questions de sécurité internationales.