L’étude de la violence associée à la jeunesse constitue une préoccupation à la fois politique et scientifique (ISS, 2016). Face à l’ampleur de cette forme de violence dans les pays africains, les chercheurs se mobilisent pour décrypter et élucider ce phénomène qui contribue à entraver le développement (IGD 2016 ; Pillerin, 2017). Pour apporter des réponses en termes de politiques publiques, la recherche scientifique est indispensable en ce qu’elle apporte aux décideurs les éclairages nécessaires pour résoudre les problèmes publics.

C’est dans cette perspective que s’inscrit le projet de recherche « Stratégies de résistance pour contrer l’engagement des jeunes dans la violence en Afrique » élaboré et mis en oeuvre conjointement par l’Institut pour la gouvernance et le développement (IGD), l’Université catholique de Bukavu (UCB) et le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) de Bruxelles. Ce projet s’articule autour de cette question centrale : par quels mécanismes les jeunes (femmes et hommes) s’adaptent-ils pour résister à la tentation de la violence et aussi surmonter les situations d’exclusion auxquelles ils sont confrontés ? La présente publication puisée de l’enquête réalisée par l’IGD au Burkina Faso porte sur les facteurs d’implication des jeunes dans la violence.

L’analyse des données collectées permet d’identifier trois types de violence auxquelles les jeunes participent : la violence corporatiste, la violence politique et la violence spontanée. La violence corporatiste est menée par des groupes organisés pour des intérêts liés à leur statut (étudiants, chômeurs, etc.). La violence spontanée renvoie à une violence non planifiée, elle se déclenche spontanément face à des situations telles que les vols, les accidents de circulation, etc. Quant à la violence politique, elle est liée aux évènements à caractère politique tels que les élections, la vie des partis politiques, etc. Cette typologie
répond à un besoin analytique car ces types de violence ne sont pas mutuellement exclusifs. Il ressort de l’analyse des données que si l’exclusion sociale constitue un déterminant majeur du passage à la violence, ce phénomène s’inscrit plus globalement dans une dynamique systémique liée à la gouvernance politique et aux dynamiques sociales.