Le 16 décembre 2024, le ministère de la Santé à Gaza annonce que plus de 45 000 personnes ont été tuées, dont plus de la moitié sont des femmes ou des enfants, depuis le début de l’opération militaire israélienne en réponse aux massacres du 7 octobre 2023 commis par le Hamas. D’après les autorités sanitaires à Gaza, ce bilan reste incomplet, car plusieurs milliers de morts sont encore sous les décombres et n’ont pas été comptabilisés[1]. En septembre 2024, le Centre satellitaire des Nations unies (UNOSAT) avait conclu que les deux tiers des bâtiments de la bande de Gaza avaient été détruits ou endommagés[2]. En décembre 2024, l’ONG Airwars publie un rapport se concentrant sur l’analyse des 25 premiers jours de l’opération israélienne contre Gaza. Airwars a comptabilisé au moins 5 139 civils qui ont été tués en octobre 2023, soit quatre fois plus que lors des opérations de la coalition contre l’organisation État islamique en Irak pendant le mois de mars 2017 – qui était jusqu’alors le mois le plus meurtrier dans un conflit analysé par Airwars depuis sa création en 2014. En octobre 2023, au moins 1 900 enfants ont été tués dans la bande de Gaza, soit autant que ce qu’Airwars avait documenté sur l’année 2016 entière en Syrie[3].
Deux éléments des opérations israéliennes ont été particulièrement critiqués – notamment par la presse, par des organisations non gouvernementales (ONG) et par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) : l’emploi de bombes non guidées et l’emploi de bombes de forte puissance dans des zones à forte densité de population. Cet éclairage analyse les raisons pour lesquelles ces éléments ont été critiqués, tout en mettant en garde contre l’idée que des bombardements au moyen de bombes guidées et de plus faible puissance seraient nécessairement plus éthiques et licites.
Pour ce faire, ce texte procède en trois temps. La première partie démontre que l’utilisation de bombes non guidées sur des zones densément peuplées met en lumière le non-respect du droit international humanitaire (DIH) et le mépris des vies civiles palestiniennes par Israël. La seconde partie montre également que l’utilisation de bombes de forte puissance explosive sans des zones peuplées, même si elles sont guidées, viole également les principes du DIH. La troisième partie fait l’analyse critique de l’idée selon laquelle des bombardements seraient éthiques et licites s’ils sont conduits au moyen de bombes précises et de relativement faible puissance.
[1] SHUFARA Wafaa et MAGDY Samy, « Death toll in Gaza from the Israel-Hamas war tops 45,000 Palestinians, health officials say », Associated Press, 17 décembre 2024.
[2] KIYADA Sudey et. al., « Gaza in rubble and ruin », Reuters, 6 octobre 2024.
[3] « Patterns of harm analysis Gaza, October 2023 », Airwars, décembre 2024, p. 6, 12.
Crédit photo : Manifestation à Paris, en octobre 2024, pour un cessez-le-feu en Palestine et au Liban – Jeanne Menjoulet, licence Creative Commons 2.0.