Le 5 décembre 2024 marquait le trentième anniversaire de la signature du mémorandum de Budapest. C’est par ce texte que l’Ukraine avait obtenu en 1994 de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis un engagement à respecter son indépendance, sa souveraineté et ses frontières, en échange de son renoncement à conserver les armes nucléaires soviétiques qui se trouvaient encore sur son territoire.

On a beaucoup reparlé de ce mémorandum depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014 puis a envahi et annexé d’autres territoires ukrainiens en 2022. Depuis 2014, plusieurs voix en Ukraine[i] et ailleurs[ii] ont critiqué la décision ukrainienne de renoncer aux armes nucléaires dans les années 1990. À la base de ces discours, on retrouve un raisonnement contrefactuel que l’on peut résumer en ces termes : « si l’Ukraine n’avait pas renoncé aux armes nucléaires en 1994, la Russie n’aurait pas envahi et annexé des régions ukrainiennes en 2014 et 2022 ».

Cet éclairage propose de revenir sur ce raisonnement contrefactuel  pour en souligner les limites. Pour ce faire, ce texte procède en deux étapes. (1) D’abord, il explicite et remet en contexte les garanties de sécurité promises dans le mémorandum de Budapest. (2) Ensuite, il revient sur les conditions dans lesquelles l’Ukraine a renoncé à l’arsenal nucléaire soviétique resté sur son sol au début des années 1990 et montre qu’il n’y avait pas de voie facile pour que l’Ukraine conserve ces armes.

 

[i] ADAMS Paul, « Ukraine gave up its nuclear weapons. Now it’s asking why », BBC, 5 décembre 2024.

[ii] ULLYOT John et GRANT Thomas D., « The Lesson of Budapest? Hold On to Your Nuclear Weapons », The Wall Street Journal, 2 mars 2022.

 

Crédit photo : Reproduction d’un silo de missile balistique intercontinental RT-23 (SS-24) au musée des forces stratégiques de Pobouzke en Ukraine – Michael, Wikimedia Commons, licence Creative Commons 3.0