«Mais pour qui se prennent-ils ? Pour les nouveaux Chevaliers de l’Hôpital ? D’une main l’épée, le stéthoscope de l’autre !» Voilà en substance la réaction ulcérée de la communauté humanitaire, après les largages de colis alimentaires par l’armée américaine au-dessus de l’Afghanistan – entre deux bombardements. Déjà, lors de la «première guerre humanitaire» menée par l’OTAN au Kosovo (1999), elle avait ressenti un réel sentiment de révolte.
Face à ces critiques, les militaires plaident non coupables. S’ils revendiquent bien le droit de mener des actions humanitaires, ils se défendent de le faire au détriment de ceux dont c’est la tâche essentielle. Leurs initiatives se veulent complémentaires ou purement logistiques. Pour beaucoup d’ONG humanitaires, il y a confusion des rôles à des fins politiques et médiatiques. Tout est une question de principe: l’action humanitaire part d’une intention (sauver des vies humaines) qu’on ne retrouve que fugitivement chez les militaires et les Etats qui les guident. Or, l’action humanitaire doit rester une démarche en soi…
Cet ouvrage, résultat d’un partenariat entre le GRIP et Médecins sans frontières, ne donne pas la parole qu’aux spécialistes, qu’ils soient juristes, journalistes ou politologues. Il s’ouvre aussi aux nombreux témoignages d’humanitaires et de militaires qui ont exercé des responsabilités sur le terrain, ainsi qu’à Javier Solana, Monsieur PESC, et à Jean-Christophe Rufin, Prix Goncourt et ancien vice-président de MSF-France.