[…] L’un des arguments les plus entendus en faveur du commerce des armes est certainement sa contribution à l’économie. Il est mis en avant pour justifier à la fois le financement des programmes d’armement et les ventes à l’exportation, même dans des situations où les armes sont impliquées dans des violations des droits humains et des conflits armés meurtriers. Au nom de la prospérité économique, il faudrait continuer d’alimenter la violence politique, sinon un autre État n’ayant pas les mêmes normes éthiques et juridiques et moins soucieux de la sécurité des populations civiles en profiterait pour prendre des parts de marché. En d’autres termes, la prospérité des actionnaires et des employés des producteurs d’armes et la manière dont elle irriguerait l’économie des territoires justifieraient de conclure une vente. Et tant pis pour les victimes. Le caractère indéfendable au plan moral de cette posture ne suffit manifestement pas dans le débat public et auprès des décideurs à éclipser un argument économique si fort qu’il en irait de l’évidence, une assertion qui mériterait pourtant une démonstration.
Crédit: miliaryedge
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Yannick Quéau est directeur-adjoint du GRIP et directeur de la recherche.
Ses sphères d’expertise couvrent la sécurité internationale, les relations transatlantiques en matière de défense, les aspects industriels, stratégiques et économiques du commerce des armes, qu’elles soient classiques ou nucléaires, ainsi que les règles de contrôle qui les encadrent. Il est l’auteur de nombreuses analyses et rapports sur ces sujets qu’il couvre également par le biais de conférences.
Depuis 2018, il est membre du comité éditorial de l’ATT Monitor, un projet de Control Arms qui évalue de manière indépendante les modalités de mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes des Nations unies.
Il est par ailleurs à l’origine de la création du Fonds de dotation Open source intelligence on politics (OSINTPOL, Paris) qui a pour mandat de soutenir la recherche en science politique.
Yannick Quéau a auparavant travaillé au sein du Groupe de recherche sur l’industrie militaire et la sécurité (GRIMS, Montréal) et été rattaché à l’Observatoire de l’économie politique de la défense (OEPD, Montréal).
Il a aussi officié comme analyste au Technopole défense et sécurité à Valcartier (Québec, Canada), plus précisément, au Bureau de commercialisation et d’intelligence des marchés, ainsi que comme enseignant pendant 3 ans pour le compte du ministère de la Défense du Canada à Saint Jean-sur-Richelieu (Canada).
Il a enseigné épisodiquement comme chargé de cours à l’université du Québec à Montréal (UQAM), à l’université Paris 2 Panthéon-Assas et à Sciences Po Paris. Yannick Quéau est diplômé de l’UQAM (Canada) et de l’université de Bradford (Royaume-Uni).