Préface de Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs.

Cet ouvrage a été écrit en collaboration avec Patrick May, coauteur du livre de Yolande Mukagasana, La Mort ne veut pas de moi.

Pauline, tutsie, a treize ans lorsqu’éclate, en 1994, le génocide rwandais.

Le pays s’embrase. Partout, les Tutsis sont pourchassés et assassinés. Pour avoir des chances d’échapper aux tueurs, la famille de Pauline décide de se disperser. Avant de se séparer, la mère prend sa fille à part et lui recommande de se faire passer pour hutue : elle est trop jeune pour posséder une carte d’identité ethnique et son physique est peu identifiable. L’artifice fonctionnera à plusieurs reprises. Pendant trois mois, Pauline, perdue au cœur de la barbarie, sera témoin de massacres inouïs, mais elle parviendra à échapper à ses bourreaux.

La guerre s’achève sur la mort de plus de 800 000 Tutsis. Un calme précaire revient. Pauline retrouve son père et, après un exil forcé au Zaïre, retourne dans son village natal. Quant à sa mère, ses frères et ses sœurs, personne ne sait ce qu’ils sont devenus. Pauline ne perd pas l’espoir de les retrouver vivants, mais en même temps, elle veut reprendre pied dans la vie : oublier le génocide et s’en sortir… Elle se plonge à corps perdu dans ses études, et elle les réussit brillamment. Mais cela ne suffit pas pour se libérer de sa condition misérable dans un Rwanda ravagé.

Elle veut aller vivre en Occident. Elle renoue alors avec son mensonge : puisque la France a soutenu les Hutus, elle demandera, en tant que hutue, l’asile politique à l’administration française. Et elle y parvient. Mais que sont devenus les siens ? Le temps passe. Un soir, son père l’appelle et lui annonce la terrible réalité : il a retrouvé les restes des membres de la famille assassinés. Il s’agit maintenant de leur offrir des funérailles, mais en tant que réfugiée politique, Pauline ne peut pas rentrer au pays. Elle entreprend alors un nouveau combat pour obtenir la naturalisation française qui lui permettra de retourner au Rwanda enterrer les siens dans la dignité. Ce témoignage qui nous plonge au cœur de l’horreur est en même temps une bouleversante leçon de vie.