La Chine au Nicaragua et au Panama : une nouvelle branche des routes de la soie en Amérique centrale ?

Malgré sa faible visibilité en Europe, l’intérêt chinois pour l’Amérique centrale, notamment dans le cadre de l’initiative des routes de la soie (Belt and Road Initiative/BRI), s’est considérablement renforcé ces dernières années. C’est ce que démontrent, dans le présent rapport, les deux cas étudiés : le Nicaragua et le Panama.

La pénétration de la Chine dans cette région est incontestable. Elle se déroule surtout sur les plans économique et financier, mais présente également des impacts potentiels sur le plan géopolitique. Si les réalisations sont importantes, elles demeurent toutefois fragiles et ne sont pas irréversibles. Cette pénétration connaît en effet des limites substantielles. Pékin se heurte à des réactions internationales et locales. Sa politique a nourri des inquiétudes tant au niveau économique et politique qu’en ce qui concerne les droits humains.

Certaines des relations établies reposent sur des liens de proximité tissés avec les élites locales ; un changement à la tête de l’État partenaire peut rapidement les remettre en cause. L’intérêt de la Chine pour la région a par ailleurs généré des répercussions négatives plus indirectes. L’accroissement de sa présence engendre de nouvelles incertitudes en alimentant la concurrence géopolitique avec Washington, ce qui risque d’avoir des conséquences déstabilisatrices à l’échelle régionale.

Sa politique d’octroi de crédit pourrait aussi contribuer à nourrir la dette de certains États de la zone déjà fragiles, sans parler des questions de transparence ou de corruption. Enfin, ses exportations en termes de technologies de surveillance inquiètent en raison du risque de dérive autoritaire des régimes locaux dans une zone où la démocratie est déjà fortement sous pression. Autant de développements auxquels il faut rester attentif.