Entretien de Pierre-Olivier Richard avec Aldo Ajello 

Aldo Ajello a été journaliste, sénateur puis député italien. La voie de ce juriste de formation semblait toute tracée, mais sa passion pour les affaires internationales l’a poussé vers d’autres horizons. Entré dans le giron des Nations unies, il se voit confier en 1992 la direction de l’opération de paix au Mozambique. Une mission qu’il a couverte avec grand succès jusqu’en 1995 et qui lui vaudra à l’époque une réputation de « faiseur de paix ».

Aujourd’hui mandaté par l’Union européenne, il s’efforce de promouvoir la réconciliation au cœur de l’Afrique, dans cette région des Grands Lacs meurtrie par tant de guerres et le génocide de 1994. Mais comment défendre une position claire et cohérente alors que l’Europe parle souvent avec quinze voix différentes ? Loin de se décourager, Aldo Ajello – qui n’a rien d’un diplomate classique – prend certaines libertés pour lancer des propositions et des idées afin d’initier une nouvelle dynamique de pacification. Ainsi pour le Rwanda, lorsqu’il suggère de relier la fin de la culture de l’impunité au début d’une culture du pardon.

Aldo Ajello a la réputation de ne pas mâcher ses mots ; dans cet ouvrage-bilan, construit sous forme de questions-réponses, il ne déroge pas à cette habitude. Il dénonce ainsi les errements de la communauté internationale (incompétence bureaucratique, carcan imposé aux diplomates de terrain…), nous livre son sentiment sur tel ou tel dirigeant africain, sa réflexion sur la notion de démocratie… À partir des leçons tirées de son expérience de médiateur, ce livre dégage aussi des pistes pour ramener la paix dans cette zone si tourmentée.